Hôtellerie de plein air, entre défis et attentes
Le 12/11/2025 13:46:53

Le camping, longtemps perçu comme une forme d’hébergement simple, conviviale et économique, vit une transformation profonde. En Europe comme aux États-Unis, il attire désormais toutes les générations — des familles en quête de nature aux jeunes actifs connectés.

Mais cette évolution rapide s’accompagne de défis majeurs : comment conjuguer croissance, durabilité et authenticité ? Comment rester attractif sans perdre l’esprit du camping ?

Les années à venir s’annoncent décisives pour un secteur qui pèse déjà plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France et connaît une forte montée en gamme.


Premier défi : la transition écologique

Le changement climatique est sans doute le défi numéro un de l’hôtellerie de plein air.

Entre épisodes de chaleur extrême, sécheresses, incendies ou inondations, les campings, souvent situés en zones naturelles ou littorales, sont en première ligne.

Les grands enjeux :

• Gestion de l’eau : réduction de la consommation, récupération d’eau de pluie, optimisation des piscines et arrosages.

• Énergie : déploiement d’installations solaires, bornes électriques, isolation des locatifs.

• Mobilité : encourager les arrivées sans voiture, le covoiturage, ou les mobilités douces sur site.

• Préservation de la biodiversité : limiter l’artificialisation des sols, verdir les infrastructures, protéger les écosystèmes locaux (faune et flore)

De nombreux établissements s’engagent déjà dans des labels tels que Clef Verte, Écolabel Européen ou Green Globe, et doivent réinventer un modèle neutre en carbone et favorisant l’économie circulaire.



Deuxième défi : la digitalisation et l’intelligence client

Le camping de demain sera aussi numérique.

Les clients s’attendent désormais à des expériences connectées : réservation mobile fluide, check-in sans contact, gestion des services via application, Wi-Fi performant…

Les enjeux clés :

• Moderniser les systèmes de réservation (channel managers, CRM, automatisation).

• Personnaliser l’expérience : analyse de données, fidélisation, offres ciblées, IA etc…

• Intégrer la technologie sans dénaturer l’expérience « nature ».

• Assurer la cybersécurité des données clients.

Cette digitalisation doit servir la simplicité et le confort en conjuguant expérience client, technologie et humain.



Troisième défi : l’évolution des clientèles

Les comportements des « campeurs » changent vite :

• Les jeunes générations (Gen Z et Millennials) recherchent des séjours courts, « instagrammables », et des hébergements originaux (tiny houses, dômes, cabanes).

• Les familles privilégient le confort et la sécurité.

• Les seniors actifs veulent des équipements haut de gamme et des séjours plus longs.

• Les télétravailleurs nomades mélangent loisir et productivité : phénomène du « workation ».

Les campings doivent donc adapter leurs offres : modularité, design, confort, mais aussi storytelling et expérience unique.

Le client du futur ne cherche plus seulement un emplacement, mais un mode de vie temporaire, une ambiance, un récit.



Quatrième défi : l’investissement et la rentabilité

La montée en gamme du secteur entraîne une hausse des coûts d’investissement : hébergements design, infrastructures écologiques, services premium, digitalisation…

Mais tous les territoires ou acteurs n’ont pas les mêmes moyens.

Les principaux défis financiers :

• Trouver des financements adaptés (prêts verts, partenariats publics-privés, crowdfunding).

• Optimiser la saisonnalité : développer le hors saison avec des séjours bien-être, nature ou culturels.

• Faire face à la concurrence, plateformes d’hébergement alternatif, locations sur terrains privés type AirBnB

• Rentabiliser sans dénaturer : garder l’équilibre entre expérience humaine et rentabilité économique.



Cinquième défi : le cadre réglementaire et territorial

Les campings sont souvent situés en zones sensibles (littoral, montagne, bord de rivière).

Ils doivent composer avec des réglementations de plus en plus strictes : normes environnementales, accessibilité, sécurité incendie, limitation de l’artificialisation des sols, gestion des déchets…

À cela s’ajoute la pression foncière et le manque de foncier disponible, notamment dans les zones touristiques.

L’avenir du camping passe donc par une concertation accrue avec les collectivités locales : co-construction de projets durables, mutualisation d’équipements, intégration dans les politiques territoriales de tourisme responsable, constructions bas carbone etc…



Sixième défi : préserver l’esprit du camping

Enfin, au-delà des tendances et des technologies, le plus grand défi sera sans doute de préserver l’âme du camping : convivialité, simplicité, partage, contact avec la nature.

Face à la montée du « glamping » et des resorts tout confort, une partie des campeurs exprime une nostalgie du camping authentique, sans artifices ni écrans.

Les gestionnaires devront trouver un juste équilibre : innover sans renier la culture du feu de camp, de la rencontre et de la liberté.


Conclusion : un futur exigeant mais porteur d’espoir

Le camping des années 2030 devra être :

• Écoresponsable, pour s’adapter au climat et répondre à la demande de durabilité

• Connecté, mais humain

• Diversifié, pour séduire des publics variés

• Créatif, pour se différencier dans un marché concurrentiel

• Et surtout cohérent, entre promesse de nature et réalité de l’expérience.

Le secteur de l’hôtellerie de plein air a déjà prouvé sa capacité d’adaptation. Les défis sont nombreux, mais ils représentent autant d’occasions de se réinventer et de bâtir le tourisme de demain.